mardi 3 mai 2011

France Zobda: quand grâce et talent illuminent l'écran



Originaire de Martinique, France Zobda est arrivée en métropole pour ses études à l’âge de 17 ans. Issue d’une famille d’artistes, elle découvre tardivement le théâtre qui lui ouvre ensuite des perspectives au cinéma.

Sa beauté exotique et ses magnifiques yeux bleus lagons se révèlent au grand public lorsqu’elle incarne dans Les Caprices d’un fleuve de Bernard Giraudeau le rôle d’une fascinante femme métisse envoûtante et mystérieuse, à son image, dont le héros principal est éperdument amoureux.

Aussi talentueuse que belle, France Zobda évolue entre cinéma, théâtre, séries télévisées et s’essaie même à la production avec le film Fais danser la poussière de Christian Faure(2009)ou encore Les Amants de l’ombre de Philippe Niang.
Tête-à-tête tout en finesse et en esprit avec un des plus jolis visages du cinéma français.


Activilong: Parlez-nous du cinéma antillais, qu’en pensez-vous?
France Zobda: Le Cinéma Antillais est un cinéma en marche, il a du mal à trouver sa place contrairement aux Cinéma Brésilien, Cubain, Argentin, Mexicain, etc…Il faudrait qu’il se tourne plus vers ces cinémas tels que ceux-ci qui lui ressemblent par leur artisanat, leur créativité, leur potentiel financier et artistique, leur réalisme et leur talent…
Nous avons le problème d’être sur le continent américain avec les avantages d’être français et de bénéficier, de ce fait, des financements, des Institutions, des dispositifs , il faudrait que nous puissions profiter de ces deux intérêts et en tirer les bénéfices.
Nous avons un imaginaire puissant et hors du commun, des acteurs intéressants et très professionnels aussi bien dans nos Départements qu’hors de nos Départements , il faut créer la passerelle et utiliser TOUS nos bons éléments même s’ils ne sont pas reconnus comme « bankable », ils le seront bien un jour…C’est à nous de créer nos « stars », personne ne le fera pour nous… !
La question serait « faut-il un Cinéma Antillais », car après la définition devient plus complexe : le réal, le Producteur, les acteurs, le lieu de tournage, le sujets etc… ? Comment le définir ?
Nous nous la posons tout le temps et la réponse reste un peu plus délicate et complexe…Nous Antillais sommes éparpillés car c’est un métier qui demande souvent d’être ailleurs ou à cheval sur deux lieux de résidence pour l’exercer vraiment !
De plus, notre cinéma peut être Antillais ET Universel, ce serait là notre Force ! Il faut que l’identification soit possible par le sujet et que notre identité riche et plurielle d’Antillais amène à cette Universalité évidente…Celle du « Tout-Monde » de Edouard Glissant…

A.: Quel acteur ou actrice admirez-vous ?
F.Z: Marpessa Dawn ( Orfeo Negro), Sean Penn, Denzel Washington, Hale Berry…Il y en a quelques-uns que j’admire pour leurs choix ou leurs engagements. J’aime les acteurs engagés ! Nous avons aussi une sorte de « mission ». Marpessa, c’est différent…

A.: Quel est votre film préféré ?
F.Z: « West Side Story », « Orfeo Negro », « Into the Wild », « Vas, Vis, Deviens « , « Frozen River », « The visitor », « Avatar »...

A.: Pour quel rôle rêveriez-vous d’être choisie ?
F.Z: Cléopâtre ( à l’époque ), Mûlatresse Solitude, Tituba, la sorcière noire de Salem de Maryse Condé.

A.: Avec quel(le) réalisateur (rice) ou acteur (rice) rêveriez-vous de tourner un film ?
F.Z: Sean Penn, Clint Eastwood, Pascal Elbé, Roschdy Zem, Radhu Mihaileanu, Rachid Bouchareb.

A.: Lequel de vos rôles vous a le plus marqué ?
F.Z: Anne Brisseau, la signare de « Les Caprices d’un Fleuve ». Ca a été un choix difficile que je n’ai pas regretté et un rôle que j’ai dû défendre à l’époque , car il m’a obligé à mûrir et à assumer mon choix d’actrice…

A.: Vous êtes maintenant passée de l’autre côté de la caméra en tant que productrice déléguée du film Fais danser la poussière de Christian Faure(2009), qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
F.Z: Le sujet et sa profondeur…La ténacité de cette héroïne et sa capacité à transcender sa et ses différences à travers la danse…La résilience est un vrai sujet avec de vrais questionnements.
Ce que j’ai aussi aimé c’est le fait que ce sujet s’adresse à tous, chacun peut s’identifier aux divers personnages sans distinction de races…Un sujet universel et émouvant…

A.: Cela ne vous manque-t-il pas d’être devant l’objectif ?
F.Z: Ca me démangera certainement à un moment mais pour l’instant ma plus grande satisfaction est de proposer des sujets qui me tiennent à cœur, de mettre d’autres acteurs en lumière, de leur offrir de beaux personnages et de beaux textes et de permettre à nos imaginaires d’être enfin présents afin de permettre au grand public de les découvrir et de les décoder…

A.: Quel est votre secret de beauté ?
F.Z: Dormir tôt pour me « réparer »…Le grand air le plus possible, la marche, le vélo, le yoga…Manger de bonnes choses sans excès : Des légumes frais, de bons fruits de saison, je n’ai jamais bu d’alcool ou fumé , un peu de soleil et beaucoup de lumière et …rire de bon cœur…Côté visible : un maquillage léger composé d’une poudre légère, d’un coup de khôl noir ou bleu marine, un mascara et un blush légers , jamais de fond de teint, et toujours un brin de rouge à lèvres ( je suis rétro là-dessus ! ).

A.: Avez-vous une routine capillaire particulière?
F.Z: Oui, pour moi, les cheveux sont importants, je soigne donc bien mes cheveux, un shampoing chaque Dimanche pour permettre à mes cheveux de se reposer avec moi, un bon masque, un bon après-shampoing, une bonne crème sans rinçage et une huile pas grasse. Le rituel tous les jours est une huile et un lait nourrissant sans rinçage…Une bonne santé des cheveux traduit pour moi une bonne santé intérieure de l’être.

A.: Si on ouvre votre trousse à maquillage, que trouve-t-on ?
F.Z: Un crayon khôl noir et bleu marine, un mascara noir, une poudre, un blush orangé léger avec lequel j’ombre mes joues et mes paupières, un rouge et un brillant à lèvres…Pour moi, c’est le kit complet.

A.: Quelle est votre citation favorite ?
F.Z: Sa ki pou’w, la riviè pa ka chayé y! ( Ce qui vous est destiné, la rivière ne peut l’emporter !) On n’échappe pas à sa destinée.

A.: A quelle fleur vous identifieriez-vous ?
F.Z: Un oiseau de paradis : le grand avec le bec violet et orange. C’est une fleur que je trouve aérienne avec deux teintes complémentaires, une froide et une chaude…

A.: Si vous deviez défendre une cause qui vous tient particulièrement à cœur, quelle serait-elle ?
F.Z: Celle des enfants et des personnes âgées maltraités, défavorisés…Je ne peux imaginer qu’on puisse faire du mal à un enfant…ou à une personne âgée d’ailleurs ! Elles représentent pour moi l’innocence et la sagesse.

A.: Quels sont vos projets à venir ?
F.Z: Nous tournons actuellement « Toussaint Louverture » qui est le sujet qui me semblait incontournable et qui m’a donné le désir de produire, puis faire découvrir les Outre-Mer avec leurs spécificités à travers plusieurs téléfilms, faire alors découvrir ces bouts de France éparpillés à travers le Monde avec leurs richesses culturelles, sociales, politiques et humaines… Et puis une de mes préoccupations est la Jeunesse, nous avons des sujets pour eux, avec eux et sur eux… « Tout doit disparaître » est notre prochain projet se déroulant entre la Métropole et Mayotte. Un sujet fort avec un point de vue d’ado sur les expats…Puis un autre projet contemporain un peu plus festif sur Paris.

A.: Quel conseil donneriez-vous aux jeunes comédiens rêvant de percer dans le cinéma ?
F.Z:
De bien se blinder d’abord au niveau de leurs études, de leurs connaissances et de leur culture avant de se jeter dans cette jungle où il n’y a malheureusement pas de règles…Le talent n’est pas le seul vecteur de la réussite dans ce métier, il y a la chance, « la bonne étoile » et le réseau…Et puis ensuite il faut y croire fortement en pensant que mettre sa plus petite pierre à l’édifice est déjà bien…

A.: Avez-vous un message à faire passer ?
F.Z: Ne méprisez pas plus petit que vous et n’enviez jamais plus grand que vous, sachez que qui que vous soyez, votre existence en vaut la peine, si vous êtes là c’est que vous avez quelque chose à y faire et que vous contribuez à la composition du Monde. Vous ne savez pas comment l’un et l’autre en sont arrivés là : en haut ou en bas et demain, ça peut être vous là-haut comme en bas ! La Tolérance, l’Education, le Civisme et le Respect de soi et d’autrui sont les meilleurs passeports dans ce monde !
Photos: Gil Zobda & Eric Robert

1 commentaire:

  1. merci pour ce bel article qui remet en lumière une femme sublime.

    RépondreSupprimer